mardi 1 novembre 2016

15 - ONIZUKA

Le meilleur son de l’album pour moi, surtout pour les effets sonores. Pour ceux qui connaissent le manga GTO, rien que la référence à Onizuka provoque un « Lourd » immédiat. Le son commence par un sample d’une allumette cramée, prise directement dans l’anime associé. Série des années 90, les deux frères semblent apprécier Onizuka, auquel il est déjà fait mention dans le titre Béné. Pour faire simple, Onizuka est un ancien membre de gang, reconverti en prof. Rien à voir, mais un thug au lycée, c’est marrant. Et ouais aussi, Onizuka a 22 ans mais il saute sur tout ce qui bouge, majeures ou non, un vrai prédateur, un loup en chasse.  Il aime bien traîner la nuit, en moto ou clope au bec, solitaire.



N26 «J’fais les ronds, J’fais les ronds, J’fais les rondes, le monde»

Première phrase, ça commence. Les effets de vocoder transforments les ronds en rondes. Dans un premier temps, NOS fait de l’argent. Ensuite, comme Onizuka, il fait des rondes la nuit dans sa ville. Onizuka le fait en moto, mais NOS peut le faire à pied. En tout cas, ils cogitent. Onizuka et NOS sont tous deux attirés par la nuit, par la Lune (cf. Mira et autres références à la lune) et sa symbolique du mal, de la tristesse, par rapport au soleil à la symbolique positive. Notons que NOS lui inverse totalement cette hiérarchisation, le soleil lui brûlant les ailes et la lune étant pleine au zénith de son succès.



 N27 «J’voulais juste graiiiiiiiiiiilller»

Derrière on entend la vibration d’un téléphone. Un Yencli qui appelle pour se faire visser. Indirectement NOS dit qu’il a dealé, mais c’était uniquement pour nourrir la mif, et lui-même grailler. En fait la vibration du téléphone est simulée par le changement de fréquence du mot « juste ». Dans ce morceau, il y a beaucoup de procédés musicaux uniques qui donnent un résultat surprenant. Ceci en est un exemple.

N28 «J’pense à demain du soir au matin. J’ai cru apercevoir le dest ---- tin »

Ici, deux choses. Tout d’abord, à l’endroit des --- on entend un vide puis une basse 808 résonner. Ici encore, un procédé musical unique qui donne un résultat très fort, très profond. La voix de NOS, plus que celle d’Ademo est soumise à des effets de vocoder, ce qui permet de laisser un temps vide sans casser le rythme de la chanson. Je m’expllque, le vocoder c’est 3 effets de voix complémentaires, qui donnent cet effet, en bref que des maths. En 1, le compresseur, qui donne plus d’accroche aux débuts de phrase, c’est pas ce qui nous intéresse ici. En 2, la correction du pitch, qui permet d’ajuster la fréquence de la voix, à une note prédéfinie. C’est ce qui donne l’effet connu, la voix plus aigüe. En 3, ce qui nous intéresse, la réverbération et l’échos. Les échos des fins de phrase sont répétés, sur une piste séparée, qui est cadencée au même bpm que l’instrumental. Ici, la piste de l’écho a été réenregistrée, pour laisser un blanc, sur lequel a été ajouter une basse. Ensuite, NOS a enregistré uniquement le « tin » qui a été joué à la place de l’écho. Les temps réservés à l’écho ont été utilisés pour produire un « écho 2.0 ». En plus de ça, viennent s’ajouter les « backs », sur lesquels les 2 frères aiment également jouer. Nous verrons que ce procédé a été utilisé dans d’autres morceaux, et que cela donne du sens aux paroles.
Deuxième chose, « du soir au matin » est la déformation de l’expression commune « du matin au soir ». Dans cette figure de style (qui a priori ne porte pas de nom), l’inversion d’une expression existante donne un sens négatif à une base à priori neutre. NOS pense à demain du soir au matin, soit toute la nuit, n’ayant pour la peine pas sommeil, ne faisant que cogiter à son avenir incertain. Encore une fois, un message très fort, bien que très sombre. NOS se compare à Onizuka, qui, lui aussi peine à trouver le sommeil, traînant toute la nuit dans les rues de sa ville.



N29 «Et Zut ! La vie est bonne, bonne à niquer (KEN, KEN) »

Après avoir entendu la citation précédente et les effets sonores, je me suis mis à écouter les échos et les backs. C’est là que j’ai entendu derrière cette phrase, la piste reservée à l’écho a été enregistrée avec un back qui dit KEN KEN. Ici NOS joue sur la sonorité du mot ken (verlan de niquer) qui sonne comme la fin de niquer soit –quer. A la première écoute, cela passe pour la répétition de la même syllabe, mais NON. Donc en partant d’un son proche, il nous énonce un mot différent, mais ayant le même sens. Moi je trouve ça lourd. Hassoul à vous de juger.

N30 «Ouais j’tai jamais vraiment aimée, on s’est jamais vraiment quittés. Grattes pas l’amitié, Man on sait pas vraiment qui t’es »

Pas d’amour. QLF ne cherche pas d’alliés. En l’écrivant on voit que les deux fins de phrase se prononcent pareil mais s’écrivent différemment.

N31 «P’tit frère n’a pas de cran, prince de la ville. J’mécarte du bâtiment, j’en oublie le taro du kill»

Ne pas avoir de cran signifie ne pas avoir de limite. NOS parle d’un jeune, lui-même, à fort potentiel, le cran de sécurité, de sûreté ou d’arrêt étant absent. Rien ne peut arrêter l’ascension de celui qu’on appelle petit frère dans la cité. Cela dit… Au fur et à mesure de son ascension, NOS s’écarte du quartier, du bat, il en oublie le taro du kill. Cette image, le taro du kill, est chère aux 2 frères. C’est comme si finalement, ces kilos de shit étaient ce qui les avait sauvés lorsqu’ils crevaient la dalle, et donc ils respectent le traffic comme si c’était une chose salvatrice. A cette époque, suivre le cours du kilo de shit faisait partie de son quotidien (oui oui on y reviendra plus tard). Ne plus connaître le tarif d’un kilo de shit est donc bien, maintenant que la bicrave n’est plus nécessaire, un signe pour NOS, un signal d’alarme lui rappelant de revenir aux sources, de ne pas oublier d’où il vient. De même, une autre image ayant le même objectif, le respect du parcours accompli, est la ceinture qui se desserre. Similairement, la ceinture qui se desserre reflète la valeur d’un kilo, là où la vie dans le bâtiment fais maigrir, du fait du frigo vide et des soucis liés aux activités illicites. Dans les deux cas, le tarif d’un kilo, c’est important pour NOS.

AD28 «Ouuuuuuuuuu Onizuka»

Onizuka traîne la nuit. Il aime la lune. On le compare à un loup, hurlant à la lune. D’où le cri.


AD29 «J’vois pas d’étoiles à part au tel-ho. Elle l’a plus gros que J-Lo (LOURD)»

Le même procédé que précédemment. L’écho de la fin de J-Lo (Lo) a été remplacé par une piste disant « LOURD ». Cela va nous servir pour la suite. Garder en tête que le boule de J-Lo est lourd ;)

AD30 «La street c’est fou, j’fais l’tour d’la ville – Onizuka »

J’invente pas, les deux frères savent qu’Onizuka fait des rondes la nuit.

AD31 «La vie c’est chelou (vraiment chelou). Solitaires, mais entre nous»

Ademo fait référence aux loups encore une fois. Ceux-ci sont solitaires, d’où l’expression “loup solitaire” mais se déplace également en meute, d’où le « entre nous ».  Ceci peut-être vu comme contradictoire, ce qui ajoute de la confusion à l’esprit d’Ademo, qui trouve vraiment ce monde bizarre.


AD32«Son boule est relou (vraiment relou), les loups se cassent le cou»


On termine avec la dernière phrase de ce son. Alors le boule de la meuf est-il chiant ou vraiment lourd. Et bien pour le comprendre, il faut écouter le back sur le boul de J-Lo. Derrière on entend (LOURD), sens repris ici. Pour preuve, les loups devant ce boule, sorte de pleine lune (mdr) hurlent à s’en casser le cou, en levant leur yeux haut vers le ciel au cours de leur rituel.



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