Le meilleur son de l’album pour moi, surtout pour les effets
sonores. Pour ceux qui connaissent le manga GTO, rien que la référence à
Onizuka provoque un « Lourd » immédiat. Le son commence par un sample
d’une allumette cramée, prise directement dans l’anime associé. Série des
années 90, les deux frères semblent apprécier Onizuka, auquel il est déjà fait
mention dans le titre Béné. Pour faire simple, Onizuka est un ancien membre de
gang, reconverti en prof. Rien à voir, mais un thug au lycée, c’est marrant. Et
ouais aussi, Onizuka a 22 ans mais il saute sur tout ce qui bouge, majeures ou
non, un vrai prédateur, un loup en chasse.
Il aime bien traîner la nuit, en moto ou clope au bec, solitaire.
N26 «J’fais les
ronds, J’fais les ronds, J’fais les rondes, le monde»
Première phrase, ça commence. Les effets de vocoder
transforments les ronds en rondes. Dans un premier temps, NOS fait de l’argent.
Ensuite, comme Onizuka, il fait des rondes la nuit dans sa ville. Onizuka le
fait en moto, mais NOS peut le faire à pied. En tout cas, ils cogitent. Onizuka
et NOS sont tous deux attirés par la nuit, par la Lune (cf. Mira et autres
références à la lune) et sa symbolique du mal, de la tristesse, par rapport au
soleil à la symbolique positive. Notons que NOS lui inverse totalement cette
hiérarchisation, le soleil lui brûlant les ailes et la lune étant pleine au
zénith de son succès.
N27
«J’voulais juste graiiiiiiiiiiilller»
Derrière on entend la vibration d’un téléphone. Un Yencli
qui appelle pour se faire visser. Indirectement NOS dit qu’il a dealé, mais
c’était uniquement pour nourrir la mif, et lui-même grailler. En fait la
vibration du téléphone est simulée par le changement de fréquence du mot
« juste ». Dans ce morceau, il y a beaucoup de procédés musicaux
uniques qui donnent un résultat surprenant. Ceci en est un exemple.
N28 «J’pense à
demain du soir au matin. J’ai cru apercevoir le dest ---- tin »
Ici, deux choses. Tout d’abord, à l’endroit des --- on
entend un vide puis une basse 808 résonner. Ici encore, un procédé musical
unique qui donne un résultat très fort, très profond. La voix de NOS, plus que
celle d’Ademo est soumise à des effets de vocoder, ce qui permet de laisser un
temps vide sans casser le rythme de la chanson. Je m’expllque, le vocoder c’est
3 effets de voix complémentaires, qui donnent cet effet, en bref que des maths.
En 1, le compresseur, qui donne plus d’accroche aux débuts de phrase, c’est pas
ce qui nous intéresse ici. En 2, la correction du pitch, qui permet d’ajuster
la fréquence de la voix, à une note prédéfinie. C’est ce qui donne l’effet
connu, la voix plus aigüe. En 3, ce qui nous intéresse, la réverbération et
l’échos. Les échos des fins de phrase sont répétés, sur une piste séparée, qui
est cadencée au même bpm que l’instrumental. Ici, la piste de l’écho a été
réenregistrée, pour laisser un blanc, sur lequel a été ajouter une basse.
Ensuite, NOS a enregistré uniquement le « tin » qui a été joué à la
place de l’écho. Les temps réservés à l’écho ont été utilisés pour produire un
« écho 2.0 ». En plus de ça, viennent s’ajouter les
« backs », sur lesquels les 2 frères aiment également jouer. Nous
verrons que ce procédé a été utilisé dans d’autres morceaux, et que cela donne
du sens aux paroles.
Deuxième chose, « du soir au matin » est la
déformation de l’expression commune « du matin au soir ». Dans cette
figure de style (qui a priori ne porte pas de nom), l’inversion d’une
expression existante donne un sens négatif à une base à priori neutre. NOS
pense à demain du soir au matin, soit toute la nuit, n’ayant pour la peine pas
sommeil, ne faisant que cogiter à son avenir incertain. Encore une fois, un
message très fort, bien que très sombre. NOS se compare à Onizuka, qui, lui
aussi peine à trouver le sommeil, traînant toute la nuit dans les rues de sa
ville.
N29 «Et
Zut ! La vie est bonne, bonne à niquer (KEN, KEN) »
Après avoir entendu la citation précédente et les effets
sonores, je me suis mis à écouter les échos et les backs. C’est là que j’ai
entendu derrière cette phrase, la piste reservée à l’écho a été enregistrée
avec un back qui dit KEN KEN. Ici NOS joue sur la sonorité du mot ken (verlan
de niquer) qui sonne comme la fin de niquer soit –quer. A la première écoute,
cela passe pour la répétition de la même syllabe, mais NON. Donc en partant
d’un son proche, il nous énonce un mot différent, mais ayant le même sens. Moi
je trouve ça lourd. Hassoul à vous de juger.
N30 «Ouais
j’tai jamais vraiment aimée, on s’est jamais vraiment quittés. Grattes pas
l’amitié, Man on sait pas vraiment qui t’es »
Pas d’amour. QLF ne cherche pas d’alliés. En l’écrivant on
voit que les deux fins de phrase se prononcent pareil mais s’écrivent
différemment.
N31 «P’tit
frère n’a pas de cran, prince de la ville. J’mécarte du bâtiment, j’en oublie
le taro du kill»
Ne pas avoir de cran signifie ne pas avoir de limite. NOS
parle d’un jeune, lui-même, à fort potentiel, le cran de sécurité, de sûreté ou
d’arrêt étant absent. Rien ne peut arrêter l’ascension de celui qu’on appelle
petit frère dans la cité. Cela dit… Au fur et à mesure de son ascension, NOS
s’écarte du quartier, du bat, il en oublie le taro du kill. Cette image, le
taro du kill, est chère aux 2 frères. C’est comme si finalement, ces kilos de
shit étaient ce qui les avait sauvés lorsqu’ils crevaient la dalle, et donc ils
respectent le traffic comme si c’était une chose salvatrice. A cette époque,
suivre le cours du kilo de shit faisait partie de son quotidien (oui oui on y
reviendra plus tard). Ne plus connaître le tarif d’un kilo de shit est donc
bien, maintenant que la bicrave n’est plus nécessaire, un signe pour NOS, un
signal d’alarme lui rappelant de revenir aux sources, de ne pas oublier d’où il
vient. De même, une autre image ayant le même objectif, le respect du parcours
accompli, est la ceinture qui se desserre. Similairement, la ceinture qui se
desserre reflète la valeur d’un kilo, là où la vie dans le bâtiment fais
maigrir, du fait du frigo vide et des soucis liés aux activités illicites. Dans
les deux cas, le tarif d’un kilo, c’est important pour NOS.
AD28
«Ouuuuuuuuuu Onizuka»
Onizuka traîne la nuit. Il aime la lune. On le compare à un
loup, hurlant à la lune. D’où le cri.
AD29 «J’vois
pas d’étoiles à part au tel-ho. Elle l’a plus gros que J-Lo (LOURD)»
Le même procédé que précédemment. L’écho de la fin de J-Lo
(Lo) a été remplacé par une piste disant « LOURD ». Cela va nous servir
pour la suite. Garder en tête que le boule de J-Lo est lourd ;)
AD30 «La street
c’est fou, j’fais l’tour d’la ville – Onizuka »
J’invente pas, les deux frères savent qu’Onizuka fait des
rondes la nuit.
AD31 «La vie c’est
chelou (vraiment chelou). Solitaires, mais entre nous»
Ademo fait
référence aux loups encore une fois. Ceux-ci sont solitaires, d’où
l’expression “loup solitaire” mais se déplace également en meute, d’où le
« entre nous ». Ceci peut-être
vu comme contradictoire, ce qui ajoute de la confusion à l’esprit d’Ademo, qui
trouve vraiment ce monde bizarre.
AD32«Son boule
est relou (vraiment relou), les loups se cassent le cou»
On termine avec la dernière phrase de ce son. Alors le boule
de la meuf est-il chiant ou vraiment lourd. Et bien pour le comprendre, il faut
écouter le back sur le boul de J-Lo. Derrière on entend (LOURD), sens repris
ici. Pour preuve, les loups devant ce boule, sorte de pleine lune (mdr) hurlent
à s’en casser le cou, en levant leur yeux haut vers le ciel au cours de leur
rituel.
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